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  • Antoine Petris

L'Espagne sort du blocage politique


Mariano Rajoy
European People's Party / Creative Commons Attribution 2.0 Generic

Enfin ! Voilà ce que peut se dire l’Espagne ou tout du moins une partie. Après plus de 10 mois de blocage politique, Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol depuis 2012, a été investi le 29 octobre dernier par le Parlement. Il aura fallu 2 élections, la plus grave crise du parti socialiste espagnol, la démission de leur chef et des mois d’attente pour arriver à un gouvernement.

Un paysage politique inédit

Tout commence le 20 décembre dernier quand les espagnols sont appelés aux urnes pour renouveler le congrès des députés. Après 4 ans au pouvoir, le parti populaire (PP) s’avance comme favori. La nouveauté est l’apparition de nouveaux partis qui remettent en cause le bipartisme caractéristique de l’Espagne depuis le retour de la démocratie en 1978. A gauche, Podemos. Parti issu du mouvement de protestation du 15 mai 2011, il s’agit d’un mouvement de gauche radicale et qui a fait son apparition dans le paysage politique espagnol au moment des élections européennes de 2014. Podemos et son leader, Pablo Iglesias, veulent lutter contre l’austérité et avec un programme très axé à gauche. Au centre, Ciudadanos. Il s’agit d’un parti né en Catalogne pour contrer l’indépendantisme dans cette région. Passé au niveau national, c’est un parti qui considère l’unité de l’Espagne comme intouchable et qui se veut défendeur d’une régénération de la politique espagnole, comme Podemos, tout en se montrant beaucoup plus libéral et modéré dans son programme.

Conséquence de ce nouveau paysage politique, les élections du 20 décembre débouchent sur un Parlement disparate et sans majorité claire. Le parti populaire arrive en tête avec 123 sièges soit très loin de la majorité des 176 députés nécessaire pour investir un président au gouvernement. Avec l’entrée de Podemos et de Ciudadanos, les grands partis doivent s’entendre, et ce pour la première fois depuis 1978, pour former un gouvernement. Le problème pour le PP est que personne ne souhaite soutenir un gouvernement de Mariano Rajoy conséquence d’un bilan très critiqué (du fait des nombreuses mesures d’austérité pour faire face à la crise) et du fait des nombreux cas de corruption qui affectent le parti. Ne disposant d’aucun appui potentiel, le président du gouvernement sortant refuse la demande du roi Felipe VI de tenter de former un gouvernement. Face à cette situation sans précédent, c’est le secrétaire général des socialistes Pedro Sanchez qui tente l’investiture. Cependant, après avoir conclu un accord avec Ciudadanos, le socialiste échoue notamment du fait du vote négatif de Podemos.

Le pays s’enfonce dans la crise politique

Face au blocage de la situation politique, le roi dissout le congrès des députés et convoque des élections, prévues pour le 26 juin. Une première dans l’histoire de l’Espagne postfranquiste. Au cours de la campagne, les 4 partis se rejettent la faute de la répétition des élections tout en promettant qu’il n’y aura pas de troisième élection en moins de un an. Au soir du 26 juin, le parti populaire sort vainqueur en gagnant 14 sièges. Le PSOE chute à son plus bas niveau historique mais empêche le sorpaso (le dépassement par Podemos à gauche). Ciudadanos recule lui aussi. Fort du résultat, Mariano Rajoy accepte cette fois la demande du roi de tenter de former un gouvernement. Au bout de deux mois où les 4 partis se regardent en chien de faïence, c’est Ciudadanos qui bouge le premier. Après avoir offert son abstention, le parti centriste propose de voter pour l’investiture de Rajoy en échange d’un pacte comprenant des mesures contre la corruption et des réformes économiques. Avec cet accord, le PP réuni 170 votes pour. Cependant ne pouvant réunir les 6 votes favorables, le parti de droite met la pression sur le parti socialiste pour que celui s’abstienne et donc permette l’investiture de Rajoy. Mais Pedro Sanchez ne cède pas, même à des pressions de son parti, et le 31 août, le congrès des députés rejette l’investiture de Rajoy.

Le déclic des élections régionales

La situation politique semble bloquée. Pedro Sanchez souhaite tenter de former un gouvernement alternatif avec Podemos et possiblement les indépendantistes. Cependant le parti socialiste est divisé sur l’attitude à opter face au spectre de troisièmes élections. Ce sont les élections régionales au Pays Basque et en Galice qui vont débloquer la situation. Conséquence de résultats très mauvais pour le PSOE, une partie de la direction se rebelle contre Pedro Sanchez. Au bout d’une semaine extrêmement tendue où le parti apparaît plus divisé que jamais, le secrétaire général des socialistes est contraint à la démission après un congrès fédéral où les deux partis ont failli en venir aux mains. Pour diriger le parti, une commission de gestion est nommée avec à sa tête Javier Fernandez, président de la région d’Asturies, qui considère la répétition des élections comme la pire des choses possibles ce qui ouvre donc la voie à une abstention.

C’est ainsi que le 23 octobre, le comité fédéral du parti socialiste décide de s’abstenir au second tour de l’investiture du Mariano Rajoy. Le 25, le président du gouvernement accepte la proposition du roi de tenter de former un gouvernement. Le 29, profitant de l’abstention des députés socialistes, le président sortant est réélu à la présidence du gouvernement.

Quelles séquelles de la crise politique ?

Cependant, même si le blocage de la situation politique s’arrête, la situation est loin d’être simple. Le gouvernement est minoritaire au congrès des députés ce qui implique que chaque loi devra être négociée pour pouvoir être adoptée. Le parti populaire est affaibli par des affaires de corruption qui sont en train d’être jugées et ce qui attire les projecteurs sur les mauvaises pratiques du parti. Le PSOE est plus divisé que jamais. 15 députés ont refusé de s’abstenir et ont voté contre Mariano Rajoy notamment les députés socialistes de Catalogne. Le parti socialiste catalan pourrait se séparer du PSOE alors que celui-ci tente de résister à la montée de Podemos. Ce dernier s’interroge aussi sur l’attitude à avoir maintenant au Parlement. Enfin Ciudadanos doit tenter de se faire une place distincte dans le jeu politique.

Quoi qu’il en soit, les partis devront trouver des terrains d’entente pour faire face aux nombreux défis auxquels l’Espagne est confrontée. En Catalogne, le gouvernement régional veut mener la région vers la sécession. La reprise économique n’est pas encore visible pour de nombreux Espagnols avec entre autres un taux de chômage à près de 20% et une corruption qui atteint des niveaux extrêmement importants notamment dans la vie politique.

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