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  • Benoit Giraud

Canada : chronique d'un retour sur la scène internationale


Drapeau canadien
Jason Hafso / Unsplash

Une perte d’influence conduisant à une humiliation à l’ONU

C'est avec une écrasante majorité – 54,44% des sièges du parlement – que le Parti Libéral de Justin Trudeau a mis fin à une décennie de gouvernement conservateur dirigé par l’ex-Premier Ministre Stephen Harper. Ces dix années auront été synonyme pour le Canada d'une énorme perte d'influence dans le monde. Le Canada, jusqu'alors, avait un rôle de pacificateur au niveau mondial et l'a perdu en devenant le meilleur allié des Etats-Unis de l'administration Bush dans les guerres du Moyen-Orient. Le gouvernement conservateur canadien aura réussi en dix ans à faire perdre au Canada son prestige international avec une série de scandales et de prises de positions contestées et sans réserve :

- La lutte contre le réchauffement climatique est abandonnée et le pays récolte même pour la troisième fois, à Copenhague en 2009, le prix Fossile de la part de plus de 400 ONG en récompense à son engagement à ne rien faire contre le changement climatique.

- L'Arctique devient, sous le règne Harper, un sujet géopolitique tendu. Le passage Nord-Ouest est militarisé – une base militaire, un port avec une flotte de huit navires et une centaine de soldats – ce qui entraîne des tensions avec la Russie qui le revendique également.

- Les autochtones sont méprisés : le gouvernement abrogeant le droit fondamental des Premières Nations, c’est à dire leur droit sur le territoire, car c’est un obstacle à l’exploitation minière et énergétique.

- La politique israélienne soutenue coûte que coûte, en devenant même sous le gouvernement Harper le meilleur ami d’Israël. Ottawa n’a jamais condamné Israël sur les violations des règles de guerre, ni même appelé à la retenue. Ce soutien inébranlable et unilatéral à l’Etat Hébreu a altéré la réputation et la crédibilité du Canada sur la scène internationale.

Ces multiples affronts contre la communauté internationale et un mépris affiché à l’égard des Nations Unies – en 2009, le premier ministre conservateur préféra ainsi inaugurer un café de la chaîne canadienne Tim Hortons plutôt que d’assister au premier discours onusien de Barack Obama – ne sont pas restés sans réponse : en 2010, et ce pour la première fois depuis la création de l'ONU en 1945, le Canada perd son siège au Conseil de sécurité au profit du Portugal. Une humiliation pour la diplomatie canadienne qui est d’ailleurs considérée par son propre gouvernement comme libéral et gauchiste.

Le premier pays à se retirer du protocole de Tokyo

Un an après, Stephen Harper, le premier ministre canadien conservateur, retire le Canada du protocole de Kyoto en déclarant "Kyoto est essentiellement un complot socialiste qui vise à soutirer des fonds aux pays les plus riches" et préférant exploiter le pétrole des sables bitumeux sous les forêts du nord de l’Alberta, considéré par les associations environnementales comme le pétrole le plus « sale » au monde.

Où se perd le "meilleur pays du monde", celui qui luttait avec acharnement contre l'apartheid en Afrique du Sud contre ses plus proches alliés les États Unis et la Grande Bretagne ?

Un come-back pour la COP21 ?

Le 19 octobre 2015, les Canadiens ont élu le libéral Justin Trudeau avec la promesse d'un retour du Canada sur la scène internationale. Le jour même de son élection le gouvernement libéral a annoncé aux États Unis qu'il retirait ses avions de chasse d'Irak et de Syrie, mais "dix ans ça ne se défait pas du jour au lendemain" tempère le politologue Charles-Philippe David.

Le premier rendez vous international est fixé le 30 novembre 2015 lors de l'ouverture de la COP21 à Paris. La pression est forte car le Canada fait partie des pays les plus pollueurs de la planète et la communauté internationale attend un retour triomphal du pays dans les négociations. Le président français François Hollande a déclaré, après avoir félicité le premier ministre canadien nouvellement élu, que la conférence sur le climat est "une précieuse occasion d'illustrer la volonté d'agir ensemble au service de la paix et de l'avenir de la planète".

Il faudra que le Canada se fixe des objectifs précis et ambitieux de réduction des gaz à effets de serre. La porte parole de Greenpeace Canada fait quelques suggestions à ce sujet : "Le Canada ne peut arriver à Paris les mains vides. D'ici à décembre, il doit faire preuve de plus d'ambition en fixant une cible de réduction d'émissions plus ambitieuse pour 2025 et en s'engageant à aider les pays en développement à hauteur de quatre milliards de dollars par année d'ici 2020". De plus en matière environnementale, les libéraux ont promis d'investir 1,2 milliard de dollars dans les énergies vertes et 20 millions aux programmes dans les programmes de recherches océanographiques.

J. Trudeau à la COP21 - nationalobserver.com

Des signes forts pour faire oublier le gouvernement Harper

Le nouveau gouvernement libéral a annoncé en novembre l’accueil de 25 000 réfugiés syriens d’ici à la fin de l’année 2015 et pour la première fois depuis dix ans reçoit les félicitations de l’ONU où le Canada est à nouveau cité en exemple « Je presse d'autres pays à suivre l'exemple du Canada et à augmenter leurs ressources afin d'augmenter de façon importante le nombre de Syriens qui auront l'occasion de reconstruire leur vie dans des pays sécuritaires sans avoir à mettre leur vie en péril. » a déclaré le haut-commissaire pour les réfugiés de l’ONU, Antonio Guterres.

Par ailleurs, les relations entre l’ex-gouvernement conservateur et les États Unis de l'administration Obama sont considérées comme l'une des plus mauvaises de l'histoire des rapports entre les États Unis et le Canada, avec notamment l'affaire de l'oléoduc Keystone XL – un oléoduc long de 1900 km devant relier les réserves pétrolifères canadiennes d’Alberta jusqu’au Nebraska pour rejoindre ensuite les raffineries américaines du golfe du Mexique – dont le projet est définitivement enterré après le refus officiel du président américain Barack Obama le 6 novembre dernier. Il va falloir reprendre les relations diplomatiques de manière sereine.

Au niveau national, le Canada compte faire la paix avec les Premières Nations et a nommé en guise de pacte, une autochtone – Jody Wilson-Raybould – au poste de ministre de la Justice le 4 novembre dernier. Elle aura notamment la tâche de piloter la commission d'enquête nationale sur la disparition et les meurtres de 1200 femmes autochtones depuis 1980.

Canada is back !

Pour conclure, l'élection d'un gouvernement libéral et les premiers signes encourageants promettent au Canada un avenir plus radieux sur la scène internationale. Lors d'un meeting à Ottowa, le premier ministre Justin Trudeau le fait entendre au monde entier : "Je veux dire aux amis de ce pays à travers le monde, beaucoup d'entre vous se sont inquiétés que le Canada avait perdu sa compassion et sa voix constructive dans le monde au cours des dix dernières années. J'ai un message simple pour vous au nom des 35 millions de Canadiens : nous sommes de retour !".

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