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  • Sarah Genton

Afghanistan, le Tombeau des empires - Épisode 2: Le piège afghan


Kaboul
Mohammad Rahmani / Unsplash


L’entrée de l’Armée rouge en Afghanistan en 1979 met le feu aux poudres dans un contexte déjà tendu. Toute une frange de la population, qui s’accommodait jusqu’alors du régime en place, se soulève contre l’invasion étrangère. Le nationalisme grandit, accentué par l’athéisme des Russes et le terme de jihad, guerre sainte, commence à apparaître chez les combattants. Les Américains, le Pakistan et l’Arabie Saoudite, qui finançaient discrètement les moudjahidines, se mettent à soutenir ouvertement les rebelles. Ces derniers sont présentés comme de farouches guerriers déterminés à conserver l’indépendance de leur territoire face à l’ingérence soviétique, ce qui émeut l’opinion publique internationale et contribue à ternir l’image de l’URSS. En 1980 le président Carter décide de boycotter les Jeux Olympiques de Moscou tant que les chars russes ne se seront pas retirés d’Afghanistan et sa décision est imitée par plusieurs pays de la communauté internationale comme le Japon, la Canada et l’Allemagne de l’Ouest.



erwinlux / Wikimedia Commons

Mais cette invasion redistribue également les cartes au sein des ethnies Afghanes, remettant en cause l’hégémonie historique des Pachtounes sur le pays. Des poches de résistance constituées de combattants de différentes ethnies voient le jour, les Hazaras se soulèvent dans la capitale et les Tadjiks dans le Panshir sous le commandement d’Ahmed Shah Massoud, ce qui mènera après le retrait de l’armée soviétique à une guerre civile meurtrière.


Soucieux de s’assurer un gouvernement voisin allié, le Pakistan commence à jouer un rôle de premier plan dans le conflit Afghan. Son objectif est double : éradiquer définitivement les revendications Afghanes sur le pachtounistan en mettant au pouvoir un gouvernement qui lui soit inféodé et s’assurer un allié dans son conflit avec l’Inde pour le Cachemire. Le pays sert donc de base arrière à la résistance et les services secrets pakistanais, l’ISI, coordonnent la distribution d’armes et de financements américains et saoudiens aux rebelles. Environ 50 000 volontaires venus du Pakistan, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et de Chine rejoignent le jihad contre les Russes. C’est le cas d’Osama Ben Laden, proche de la famille royale saoudienne arrivé au Pakistan dans les années 80, où il crée Al Qaïda afin de coordonner l’aide des combattants non-afghans.


Les Russes quant-à-eux tentent d’éviter un engagement trop lourd, même s’il semblerait aujourd’hui que leur présence dans le pays durant cette guerre n’ait jamais dépassé les 150 000 hommes. Ils se contentent de contrôler les axes de communications et les lieux les plus stratégiques. Néanmoins, l’armée rouge est mal préparée et s’enlise dans une guerre qu’elle pensait gagner rapidement. La géographie accidentée du pays se prête mal à l’action des chars soviétiques et sert les rebelles qui s’y cachent et mènent des actions de guérilla. Par ailleurs, les officiers russes ont une très mauvaise connaissance des stratégies de combat en montagne et tombent dans des embuscades. Ils se concentrent donc sur des combats aériens, bombardent et envoient des milliers de mines anti-personnelles sur les voies de passages des moudjahidines depuis le Pakistan. En réponse, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite fournissent des missiles sol-air aux rebelles ce qui leur permet de se défendre dans la guerre aérienne face aux Russes. En 1989, les moudjahidines contrôlent une grande partie du territoire et le gouvernement de Gorbatchev réfléchit à une solution pour sortir de la guerre sans perdre la face.

En plus de son inefficacité, cette guerre coûteuse sur les plans financiers et humains commence à lasser la population russe et continue de ternir l’image de l’URSS auprès de la communauté internationale. C’est pourquoi en 1989, à la suite des accords de Genève, l’armée rouge se retire d’Afghanistan. Le gouvernement communiste Afghan reste au pouvoir pendant encore trois ans avant d’être définitivement battu par la résistance. Il est aujourd’hui communément admis que cette guerre a contribué à l’éclatement de l’URSS déjà affaiblie financièrement par la course aux armements imposée par les Etats-Unis et isolée sur le plan international.



Lorsque le gouvernement prosoviétique tombe en 1992, les différentes factions de la résistance Afghane se déchirent. La mésentente est renforcée par les ingérences des puissances étrangères : le Pakistan soutient le Hezb-i-Islami du Pachtoune Hekmatyar et l’Arabie Saoudite soutient un autre parti Pachtoune. Ceux-ci s’opposent au parti Tadjik Jamaat-i-Islami du commandant Masud et au parti des hazaras chiites. Les combats entre les différentes factions dévastent Kaboul, jusqu’alors épargné par la guerre. C’est dans ce contexte que les talibans font leur première apparition sur la scène politique afghane en 1994.

Originaires pour la plupart de la ville de Kandahâr, près de la frontière avec le Pakistan, ils sont recrutés parmi la jeunesse pachtoune déracinée et orpheline, élevée dans des camps de réfugiés et inscrits dans les madrasas pakistanaises – des écoles religieuses sous l’influence du parti fondamentaliste Jamiat al-Ulema. Idéologiquement, le mouvement est issu de deux sources : les mouvements fondamentalistes qui ont succédé aux « révolutionnaires islamiques » (comme les Frères musulmans) et l'« école » réformatrice déobandie développée en Inde et au Pakistan, qui a nourri les partis islamistes pakistanais. Pour autant, ils n’ont pas la volonté des premiers de répondre aux défis du monde moderne, ni l'importance attachée à l'éducation par la seconde. Leur version de la charia emprunte à la coutume pachtoune comme à la foi, ils réservent les postes de pouvoir à un groupe régional restreint et les mollahs se distinguent par leur rigorisme religieux.


Alors qu’ils ne jouaient auparavant qu’un rôle effacé auprès des moudjahidines en leur fournissant des volontaires, le retrait des soviétique permet aux talibans d’étendre leur influence sur le territoire afghan. Ils se présentent comme les seuls capables de mettre un terme au chaos provoqué par les combats entre moudjahidines et disent vouloir "pacifier l'Afghanistan" en apportant sécurité et lutte contre la corruption. Leur conquête du pays débute donc en 1994, lors de la prise de la ville de Kandahar. Epaulés par l’armée Pakistanaise, ils prennent 12 provinces afghanes en deux mois et à peine deux ans plus tard, en septembre 1996, ils entrent dans la ville de Kaboul, "sans grande résistance", d'après Kaweh Kerami, professeur de sciences politiques à l'université américaine d'Afghanistan.



L’Afghanistan devient alors la plaque tournante du terrorisme et sert de base à l’organisation des attentats du 11 septembre. A la demande de Washington, le Conseil de Sécurité des Nations Unies demande au Mollah Omar la "livraison immédiate et inconditionnelle de Ben Laden, ce que le chef des talibans refuse fermement. En réponse les Américains forment une coalition internationale d'une vingtaine de pays et s'allient à l'Alliance du Nord, dirigée par le commandant Massoud, pour chasser les talibans de Kaboul.





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