- Mohamed Wilane
Women's Week 2021: Initiatives Spotlight

Nous vous présentons aujourd’hui les initiatives Spotlight, qui s’inscrivent dans le cadre de la protection des femmes face au danger que représentent les violences conjugales. Nous retracerons le parcours de Zaynab, une jeune femme Nigérienne qui a échappé aux maltraitances son mari.
Tout a commencé lorsque la pandémie de Covid-19 s’est amplement propagée au Niger. Avant cela, le mari de Zaynab était chauffeur de bus, et assurait la liaison entre Niamey et les villes environnantes. Mais lorsque le gouvernement nigérien déclara l’état d’urgence, les circulations entre les villes furent interrompues et le mari de Zaynab se retrouva alors au chômage, situation qui privait leur foyer de tout revenu. Si Zaynab travaillait avant dans un magasin de vêtements pour homme avant son mariage, elle a été contrainte de démissionner à cause de la jalousie de son mari. Depuis qu’il était au chômage, il lui arrivait parfois de la réprimander ou de la menacer. Mais les choses finirent par prendre une tournure plus sérieuse.
Un soir pendant le confinement, son mari ne rentra qu'après le couvre-feu. Bien qu'inquiète Zaynab n’osa pas le questionner puisqu’il ne semblait pas vouloir parler. Après le dîner, elle lui demanda de l’argent pour faire les courses en prévision du Ramadan. Il retira de sa poche ce qu’il avait – 750 francs, soit 1,01€ – et lui dit d’aller voir sa mère pour compléter le reste. Puis il se montra violent physiquement : il la gifla et commença à lui asséner coups après coups. Lorsqu’elle sentit du sang couler sur son visage, elle le supplia d’arrêter. Elle courut jusqu’à sa chambre, prit avec elle son bébé et viola le couvre-feu pour aller se réfugier chez sa tante. Cette dernière l’accompagna à la clinique pour se faire soigner.

Lorsque Zaynab rentra chez elle, son mari n’avait aucun remord, et lui a dit qu’elle pouvait quitter le foyer parce qu’il n’aurait aucune difficulté à trouver « une autre femme moins compliquée ». Ces propos poussèrent Zaynab à aller déposer plainte pour coups et blessures, et pour violence économique.
Malgré ce qui était arrivé, sa mère tenta de la convaincre de retirer sa plainte, car elle risquait la répudiation – un divorce culturel qui peut être décidé par le mari indépendamment de tout instance judiciaire, en dehors du système légal. Mais Zaynab campa sur ses positions. L’officier de police lui demanda cependant de s’armer de patience, parce qu’il recevait beaucoup de plaintes similaires à la sienne.
L’officier Nazir, en charge de la plainte, déclara : « en tant qu’officiers de police, changer notre comportement à l’encontre des victimes de violences conjugales est la première étape pour les aider. Les femmes qui osent déposer plainte prennent un risque en s’adressant à la police, parce que ce faisant, elles s’exposent souvent à une très forte pression familiale et sociale. »
Le mari de Zaynab a ignoré les convocations et lorsque les officiers de police se sont rendus au domicile de la famille de son mari, ils découvrirent qu’il s’est enfuit au Togo. Pendant son absence, Zaynab a pu négocier un divorce avec sa belle-famille, qui a accepté de prendre en charge ses frais médicaux, en échange de quoi Zaynab a accepté de retirer sa plainte.
Et l’initiative Spotlight dans tout ça ?
L’initiative Spotlight continue d’assurer aux femmes nigériennes un accès aux services de base, et travaille en coopération avec la police afin d’améliorer leur capacité de gestion des cas de violences domestiques. Cela passe notamment par un apport de matériel et d’équipement à 10 postes de police de la ville de Niamey, et à 100 autres dans les régions de Maradi, Zinder, Tahoua et Tilabéri. En Décembre 2020, les sessions de formation appuyées par Spotlight ont appris aux officiers de police et de gendarmerie de Niamey et des 4 régions énoncées plus haut comment devenir eux-mêmes des formateurs. Ils pourront ainsi partager leurs savoirs sur la violence genrée, et sur les méthodes pour la combattre, afin d’impulser un changement systémique.
Cette année, Spotlight fournira des ordinateurs, des tablettes et des motos afin d’aider à une meilleure gestion du grand nombre de cas.