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  • César Roussel

Condition féminine en Scandinavie : vrais ou faux champions ?


Les champions incontestables de l’égalité hommes-femmes…

Sans être parfaites, les sociétés scandinaves ont sans conteste un temps d’avance sur les questions d’égalité entre les femmes et les hommes. Dans ces pays, les femmes y sont largement, si ce n’est plus, représentées au pouvoir. Ainsi en Norvège, chef du gouvernement, ministre des affaires étrangères, ministre de la justice et bien d’autres sont des femmes. En Suède, le gouvernement est quant à lui formé de 12 femmes sur 23 ministres. Depuis 2011 un ministère a même été mis en place pour garantir l’égalité des genres. Dans d’autres institutions la parité n’est pas vraiment respectée mais les taux y sont largement supérieurs à la France par exemple.

La différence avec les autres pays européens réside dans le fait que la parité est ancrée dans les mœurs. La société norvégienne a par exemple mis en place un ensemble de dispositions pour impliquer davantage les hommes dans les tâches historiquement féminines. Le rôle de l’homme y a largement évolué, le congé maternité est également égalitaire (48 semaines pour les 2). La Suède, dès 1974 a remplacé le congé maternel par le congé parental. Ce sont des pays dans lesquels il existe des quotas. Par exemple, depuis 2008, la loi norvégienne exige que 40% au moins des membres des conseils d’administration des sociétés anonymes soient des femmes. Les femmes sont aussi largement encouragées à pratiquer un sport. Comme exemple assez simple, les équipes de football scandinaves font partie des meilleures nations mondiales alors que ce n’est pas du tout le cas chez les hommes.

Les sociétés finlandaises, suédoises, danoises et norvégiennes ont tellement ancré cette culture égalitaire dans leur mode de vie qu’elles se rapprochent très fortement de sociétés unisexes.

Mais qu’en-est-il vraiment concernant les violences ?

Des lacunes terribles en matière de violence

On l’a vu, les pays scandinaves sont parmi les plus égalitaires du monde. Mais un paradoxe souligne que les 4 pays nordiques affichent des taux de viols plus élevés que la moyenne des pays européens. Amnesty International estime aussi que leurs systèmes judiciaires portent préjudice aux victimes de violences sexuelles. Kumi Naidoo, secrétaire générale d’Amnesty International avait eu cette formule : « Il est paradoxal que des pays nordiques qui affichent de solides bilans en matière d’égalité des genres affichent également des taux choquants de viols ».

En étudiant les viols commis au Danemark, en Finlande, en Norvège et en Suède, l’ONG a observé que les lacunes législatives, les idées reçues et les stéréotypes sexistes avaient entraîné une « impunité généralisée » pour les auteurs de ces actes.

Il faut souligner qu’en moyenne 30% des femmes au Danemark, en Finlande et en Suède ont été victimes de violences ou d’abus de la part de partenaires sexuels, contre 22% en moyenne au sein de l’UE. Cela peut être étonnant quand on voit l’ancrage égalitaire de ces sociétés modernes. Les préjugés concernant le viol y sont largement implémentés. A titre d’exemple, l’état finlandais est vraiment laxiste et ne prend pas du tout les mesures nécessaires pour prévenir, informer et punir les suspects.

Au Danemark le problème est surtout lié au faible signalement des viols. Et les chances de poursuites ou de condamnation sont minces. Quant à la Suède, l’ONG montre du doigt la façon dont la police traite les affaires de viol, avec des techniques d’enquête incohérentes et des retards dans l’analyse médico-légale et l’interrogatoire des suspects.

Il y a donc, au-delà des égalités, un réel problème de fond dans ces pays. Les gouvernements peinent à mettre en place des mesures concrètes pour pallier ce problème généralisé, et il en résulte donc des taux particulièrement élevés de viols et de violences envers les femmes pour des sociétés qui se veulent modernes et avant-gardistes…

Un semblant de mieux, surtout en Suède

Parmi les 4 pays nordiques il y a bien un pays qui essaie de s’améliorer et de mettre en place des mesures concrètes pour contrer ce réel problème de violences envers les femmes, la Suède. En Suède une nouvelle loi change la donne depuis 2018. Elle considère comme viol tout acte sexuel sans accord explicite, y compris en l’absence de menaces ou de violences.

Le ministre de l’intérieur souligne d’ailleurs les efforts à réaliser : « Nous avons encore du travail à faire afin de nous assurer que les enquêtes soient menées et qu’elle conduisent à des condamnations ».

Récemment, le Groupe d’experts du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (GREVIO) a publié son premier rapport d’évaluation sur la Suède dans lequel il analyse la mise en œuvre des dispositions de la Convention d’Istanbul concernant la violence psychologique, le harcèlement, la violence physique, la violence sexuelle – y compris le viol –, les mariages forcés, les mutilations génitales féminines, l’avortement et la stérilisation forcés, ainsi que le harcèlement sexuel. La violence domestique contre les femmes est également examinée dans le rapport. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est très encourageant. Le GREVIO y souligne les nombreuses mesures législatives et politiques adoptées depuis 40 ans, qui témoignent de la volonté la Suède de s’engager dans la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes. Des approches novatrices ont valu à la Suède une reconnaissance internationale en tant qu’acteur de premier rang dans ce domaine, ce que l’évaluation confirme à bien des égards. Le GREVIO se félicite en particulier de la définition « only yes means yes » de l’infraction pénale de viol récemment modifiée et de la réponse forte des autorités à la campagne #metoo. La pratique du gouvernement, qui consiste à évaluer régulièrement les politiques et mesures afin de déceler les défaillances et les lacunes, est également saluée dans le rapport.

Autrement dit, si le paradoxe est très fort dans la majorité des pays scandinaves, la Suède semble être beaucoup plus en avance sur ses voisins en matière de prise de décision.

Conclusion

En conclusion, les pays scandinaves ne sont pas réellement des sociétés parfaites pour les femmes comme on pourrait l’imaginer ou l’entendre. Certes ces pays trustent les premières places en matière d’égalité, mais ils n’en sont pas moins très en retard dans la prise en charge du problème des violences subies par les femmes. Aucune société ne peut se vanter d’être irréprochable au sujet de la condition de la femme et beaucoup d’efforts sont encore à fournir, partout dans le monde !


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