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  • Noémie Allart

L'Iran : avancer sans trébucher


L'article coup de coeur BNP Paribas du Diplo d'Or BNP Paribas 2016 est signé Noémie Allart !

Initialement prévue fin novembre, la venue du président iranien Hasan Rohani à Paris aura finalement lieu le 27 janvier prochain. En attendant, le président du Sénat Gérard Larcher s’est lui-même rendu à Téhéran le 19 décembre afin de « porter un message du président Hollande » auprès du président du Parlement iranien Ali Laridjani et du président de la République islamique Hassan Rohani. La délégation française a reçu un accueil très chaleureux, confirmant cette impression que les voyants sont au vert depuis la signature des accords sur le nucléaire à Vienne le 14 juillet dernier. Mais au-delà des discours d’ouverture, que penser du retour de l’Iran, pays multi-ethnique de près de 80 millions d’habitants, entouré de sept voisins, quatrième producteur de gaz et sixième producteur de pétrole mondial ?

Hassan Rohani, président de la République islamique d'Iran depuis août 2013

Le début d’un marathon

Si l’accord historique entre la République islamique et les six pays du « P5 + 1 » avec l’Allemagne est l’aboutissement de plus de dix ans de tractations, il signifie surtout le début un long chemin, structuré par différentes étapes mais avant tout imprévisible et périlleux.

Le défi économique est d’importance. Le 21 décembre, le Fonds Monétaire International (FMI) a publié sa revue annuelle sur la situation économique de l’Iran. Si « les perspectives pour 2016-2017 sont meilleures en raison de la levée des sanctions économiques », pour le FMI, « le fort déclin des prix du pétrole, la situation financière difficile des entreprises et des banques et les retards dans les investissements des particuliers et des entreprises dans l'attente de la levée des sanctions ont sensiblement ralenti l'activité économique ». Conséquence : la République islamique devra prendre son mal en patience, avec une croissance estimée à 0 % pour 2015-2016, contre 3 % en 2014-2015.

Quelle route empruntera l’Iran ? Dans les colloques, on compare le développement de l’Iran à celui de la Turquie notamment, dont les évolutions économiques et sociales dans les années 1980 peuvent être rapprochées de celles de la République islamique d’aujourd’hui. Ainsi, la Turquie serait une « boule de cristal » pour les dix prochaines années iraniennes. Cependant, il existe une différence de taille entre les deux pays : l’un est officiellement laïc, l’autre a fondé son modèle politique sur la religion. Or, développer économiquement un pays, c’est l’entraîner dans une mutation culturelle qui tranche avec la tradition.

De leur côté, les Iraniens attendent avec impatience les premiers signes de la reprise économique. « On ne conduit le peuple qu'en lui montrant un avenir : un chef est un marchand d'espérance », disait Napoléon. Et c’est peut-être là la force de l’Iran : riche d’une population qui augmente rapidement et qui n’a encore jamais connu la prospérité, le pays place beaucoup d’espoir dans la levée des sanctions.

L’Iran et son cauchemar géopolitique

Il est impossible d’envisager l’avenir de l’Iran indépendamment de celui de son environnement. Le pays a souvent été envahi dans son histoire récente : URSS, Etats-Unis et Irak se sont succédé sur les terres perses. Aujourd’hui encore, les facilités militaires américaines sont nombreuses dans la région.

En 1909, l’Iran est le premier pays de la région du Golfe à exploiter le pétrole. Lorsque les pays du Maghreb et du Machrek choisissent d’augmenter pour la première fois le prix du baril au début des années 1970, ils savent qu’ils ont le pouvoir de drainer les ressources mondiales vers eux. Ils envisagent même d’investir abondamment cette manne dans les pays en développement et de contribuer ainsi à la mise en place d’un nouvel ordre mondial, selon la proposition du président algérien Boumediene au sommet des non-alignés en septembre 1973. Pourtant, malgré quelques investissements, aucun bouleversement économique n’a lieu. Bien au contraire, la « malédiction des matières premières », selon l’expression de l’économiste Philippe Chalmin, opère : le choix du pétrole et du gaz entraîne la désindustrialisation des pays qui, en raison également de la volatilité des prix, sombrent dans l’instabilité économique et politique.

Poursuite du conflit israélo-palestinien, guerre en Syrie, naissance de Daesh… La paix n’est guère revenue dans la région de l’Iran. Et de nouveau, depuis l’« Adoption Day », le 18 octobre 2015, qui marque l’entrée en vigueur de l’accord sur le nucléaire trois mois après sa signature, plusieurs évènements ont laissé craindre une montée des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis. La directive du ministre de l’Industrie et du Commerce Mohammad Reza Nematzadeh par exemple, datant du 5 novembre, qui interdit l’entrée de tous les produits de consommation américains. Ou encore les réactions de certains manifestants lors du 34ème anniversaire de la prise de l’ambassade des Etats-Unis, qui ont par exemple scandé : « Le slogan de ‘mort à l’Amérique’ est éternel ». La question d’un retour durable de l’Iran sur la scène internationale est à examiner à la lumière de ces questions.

La démographie, « l’autre bombe » de l’Iran

Décision prise en 2009 par le président Mahmoud Ahmadinejad, soutenu par le guide suprême Khamenei, la République islamique affiche clairement son intention de faire jouer la démographie pour assurer son développement, avec l’objectif d’atteindre rapidement 150 millions d’habitants. A l’instar de celle de l’Inde et de la Chine, une population nombreuse est un outil indispensable pour accéder au rang de puissance régionale, ce qu’a bien compris l’Iran.

Ainsi, alors que le gaz et le pétrole ne sont plus des armes, un combat d’un autre genre s’engage pour l’Iran : avancer vers la reprise, sans se laisser déstabiliser ni par l’Occident, ni par l’Orient. Un pari qui, paradoxalement, aurait des conséquences déstabilisantes pour chacun des acteurs.

#IRAN #DiplodOrBNPParibas2016

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