- Cristalline SARROUY
Les FARC: une guérilla colombienne (1/2)
La Colombie est aujourd’hui au cœur de l’actualité internationale avec la signature d’un accord de paix avec les FARC. Le président colombien Juan Manuel Santos a d’ailleurs reçu le prix Nobel de la paix 2016 pour son engagement à mettre un terme à la guerre civile qui ravage le pays. Mais que sont les FARC exactement ? Quelles sont leurs motivations ? Retour sur un demi-siècle de conflit armé qui a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Des combattants des FARC posent sur cette photo datant de 1998 - Source: REUTERS
Une confrontation armée aussi ancienne que complexe
Les FARC, littéralement les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, sont une rébellion marxiste (d’extrême-gauche). Nées en 1964 d’une insurrection paysanne, elles puisent leurs racines dans un contexte de guerre civile que traversait la Colombie dans les années 1950 entre libéraux et conservateurs, « la Violencia ». L'exclusion sociale et politique des plus pauvres et le déplacement massif de ruraux qui a amplifié la concentration des terres agricoles ont conduit ce groupe d’auto-défense paysan à revendiquer une réforme agraire. Néanmoins, les FARC ont rapidement sombré dans la violence et tirant leurs ressources du commerce de cocaïne sur des champs spoliés et des séquestrations avec rançon. Elles ont disposé de moyens suffisants pour s’acheter des armes et sont passées d’un système de guérilla rudimentaire à une organisation capable de déstabiliser l’armée dans les années 1990 avec près de 20 000 combattants. Principalement actives dans le sud du pays, elles ont mondialement été médiatisées par l’enlèvement de la franco-colombienne et ex-candidate présidentielle Ingrid Betancourt, de 2002 à 2008. Les FARC luttent non seulement contre l’armée colombienne, mais aussi contre les paramilitaires (des civils d’extrême-droite qui rompent avec l’armée et décident de se faire justice eux-mêmes en combattant la guérilla marxiste, conduisant à une escalade de la violence dans le pays).
Plusieurs tentatives de paix ont été menées avec les FARC, mais elles ont toutes échoué. Un premier cessez-le-feu a été conclu en 1984 avec le gouvernement du président Belisario Betancur, et en 1992 le gouvernement dirigé par Andres Pastrana a même entamé une démilitarisation, sans succès. Ces différents échecs illustrent bien la difficulté à faire parvenir à un accord et à garantir son respect.
Le mandat du président Alvaro Uribe, (2002-2010), dont le propre père a été assassiné par les FARC, est marqué par la lutte sans merci contre la guérilla, avec un large soutien de la population. Les FARC se sont alors retrouvées affaiblies par de nombreuses désertions et la mort de ses principaux dirigeants, Alfonso Cano, Raul Reyes ou encore le « Mono » Jojoy. Au terme d’affrontements sanglants, les FARC fragilisées se sont montrées plus coopératives pour entamer des pourparlers de paix. La guérilla et le gouvernement ont fait converger leurs intérêts, les FARC ayant compris qu’elles ne pourraient pas prendre le pouvoir par les armes, et les dirigeants colombiens ayant compris l’intérêt de mettre un terme à cette guerre meurtrière qui mettait à sang le pays et faisait fuir les investisseurs. Les négociations de paix ont été encouragées par l’actuel président colombien Juan Manuel Santos, qui y a consacré l’essentiel de son mandat depuis 2010.

Des Colombiens manifestent leur joie après la signature de l’accord avec les Farc à Bogota, le 28 août. “La paix est mon affaire, ton affaire, notre affaire”, lit-on sur leur pancarte. Source de l'image: GUILLERMO LEGARIA / AF
Les négociations se sont déroulées à La Havane, avec l’appui de Cuba et de la Norvège. Un accord a été trouvé au terme d’un long processus ponctué de rebondissements. En effet, les FARC et le gouvernement n’ayant signé aucun accord de cessez-le-feu, le combats continuaient et les négociations étaient parfois suspendues lorsque les violences étaient trop importantes. Finalement, un accord de paix a été trouvé et signé par les deux parties le 26 septembre 2016, après un mois de cessez-le-feu bilatéral. Cependant, l’accord a été refusé par la population colombienne, qui a fait savoir sa voix par un référendum le 2 octobre 2016. Ce refus met donc les FARC et le gouvernement colombien dans une position délicate, et met en péril les espoirs de paix pour la Colombie.
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Source des images:
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