- Célestin MAUPAS
Objectifs Du Millénaire : l’ONU à l’heure du bilan

Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'ONU
Il y a quinze ans, en 2000, l’ensemble des pays membres de l’ONU adoptait un total de huit objectifs à atteindre à l’horizon 2015. Qualifiés d’Objectifs Du Millénaire, ces huit objectifs recouvrent de grands enjeux humanitaires :
- Réduire l’extrême pauvreté et la faim
- Assurer à tous l’éducation primaire
- Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
- Réduire la mortalité infantile
- Améliorer la santé maternelle
- Combattre le VIH, le paludisme et les autres maladies
- Assurer un environnement durable humain
- Construire un partenariat mondial pour le développement
2010 : un premier bilan mitigé
En 2010, 5 ans avant l’échéance, l’ONU dressait un bilan mitigé de son programme. Son secrétaire général, Ban Ki-Moon, reconnaissait en effet que les avancées étaient insuffisantes. 925 millions de personnes étaient alors concernées par la faim, 2,6 milliards d'individus étaient démunis d'installations sanitaires et 5 millions de personnes mourraient chaque année de maladies liées à l'eau insalubre. Les indicateurs concernant le SIDA demeuraient, eux, insatisfaisants, et il en était de même à l’égard des questions sur le développement durable et la préservation de la biodiversité.
La question environnementale s’avérait très préoccupante pour l’ONU. Pour Ban Ki-Moon, le manque de résultats était dû à un « manque d'engagement et de ressources, le déficit de responsabilité des dirigeants, l'insuffisance de soutien technique et de partenariats ». Avant de conclure ce bilan en stipulant que le premier enjeu était désormais de restaurer et préserver les écosystèmes.
2015 : avancées notables et défis persistants
Cette année donc, il était l’heure de dresser un bilan définitif concernant les quinze années écoulées. Et c’est en juillet que Ban Ki-Moon s’est félicité des avancées constatées en matière de lutte contre la pauvreté mais a également déploré la hausse des inégalités.
836 millions de personnes vivent toujours sous le seuil de pauvreté avec moins de 1,25$ par jour (contre 1,9 milliard en 1990). L’accès à l’eau potable et la scolarisation des filles ont été améliorés. On note des progrès concernant la lutte contre le SIDA et le paludisme ainsi que la réduction de la mortalité infantile. 2,7 milliards d’individus restent cependant démunis d’installations sanitaires.
Le changement climatique représente aujourd’hui une réelle menace dans certains pays, alors que les conflits ont poussé 60 millions de personnes à quitter leur maison. Un chiffre qui n’avait jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre Mondiale.
« Les progrès ont tendance à laisser de côté les femmes et ceux qui se trouvent au plus bas de l’échelle économique ou sont désavantagés à cause de leur âge, handicap ou ethnicité. Les disparités entre zones rurales et urbaines restent prononcées », a déclaré Ban Ki-Moon. Ce dernier reste optimiste concernant une possible éradication de la pauvreté d’ici une génération, à condition que des efforts significatifs soient faits.
Cliquez sur l'image pour afficher le bilan complet en tableau
2015-2030 : vers un monde « transformé » et plus serein
Vendredi 25 septembre 2015, les 193 pays membres de l’ONU étaient réunis à New-York afin d’adopter 17 nouveaux objectifs à l’horizon 2030. Baptisés « Objectifs de développement durable », ces derniers visent à « transformer » le monde à travers trois grands axes :
- L’éradication de l’extrême pauvreté
- La promotion de la santé et de l’éducation
- La maîtrise du réchauffement climatique
Si les objectifs sont ambitieux, la question du financement reste préoccupante. On estime les dépenses nécessaires chaque année entre 3500 et 5000 milliards de dollars (en comparaison, le PIB de la France est lui de 3000 milliards). Il faudra donc une implication totale de chaque Etat et un respect des promesses prises par l’ensemble des pays riches.
Alors que certains experts parlent d’un bilan mitigé concernant les précédents objectifs avec notamment des inégalités croissantes en Afrique sub-saharienne, l’ONU se veut ambitieuse et prévoit de dresser 300 indicateurs afin de pouvoir juger des progrès accomplis dans chaque pays.