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  • Emma DUREUX

Boko Haram : le Nigéria seul face à la menace ?


Boko Haram
AK Rockefeller / Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic

Début juillet, Le Nigéria vivait sa pire semaine depuis l’entrée en fonction de son nouveau président, Muhammadu Buhari, investi le 29 mai 2015 (cf infographie). Mercredi 1er juillet, 97 fidèles musulmans et leurs fils se font massacrer dans une mosquée, pendant que 48 autres subissent le même sort dans un village voisin. Le lendemain, une jeune fille de 15 ans se fait exploser dans une mosquée, toujours dans le Nord-Est du Nigéria, l’épicentre de l’insurrection islamiste Boko Haram, affiliée à l’Etat islamique depuis le 7 mars 2015. Ces massacres successifs font porter à plus de 15 000 le nombre de victimes de Boko Haram depuis 2009.

Au commencement était…Mohammed Yusuf

Boko Haram voit le jour en 2002 dans le Nord-Est du Nigéria, porté par un prédicateur du nom de Mohammed Yusuf. Celui-ci prône un discours anti-occidental et le rejet de l’enseignement occidental, qui détruit la culture islamique. D’où le nom de ce mouvement – « Boko » signifie livre et « Haram » interdit – qui ne vise pas la conquête du pouvoir nigérian, mais bel et bien un idéal politique d’une république islamique intégriste.

La secte dénonce aussi à ses débuts la pauvreté des Etats du Nord, musulmans, par rapport aux Etats du Sud du Nigéria, chrétiens. "Derrière la religion, un même profond ressentiment anime ces populations qui s’estiment abandonnées par les élites, le pouvoir central et les policiers fédéraux, corrompus et brutaux", décrit Alain Vicky dans Le Monde diplomatique.

Le tournant de 2009

En juin 2009, la police d’Etat tue 15 membres de Boko Haram : une vague d’affrontements s’ensuit entre les deux acteurs, conduisant à la mort de 800 personnes ainsi qu’au chef de Boko Haram, Muhammed Yusuf. Dès lors, la secte islamiste prend une nouvelle tournure : terroriste.

Par la suite, Boko Haram se divise en plusieurs mouvements. Celui qui est le plus virulent au niveau national est dirigé par Abubakar Shekau, un des terroristes les plus recherchés par le gouvernement américain. Il existe aussi une branche dissidente, Ansaru, qui reproche à Boko Haram de s’attaquer surtout aux musulmans. Ansaru est affilié à Al-Qaida, qui finance ce mouvement, selon le spécialiste Marc-Antoine Pérouse de Montclos dans son interview sur Slate Afrique. La branche principale de Boko Haram se finance par l’attaque de banques.

Le gouvernement nigérian : des actions et réactions controversées

La région où opère Boko Haram est une zone habituellement peu concernée par le pouvoir central, étant donné que les hydrocarbures se situent au sud du pays, dans le Golfe de Guinée. Mais le nouveau président, Muhammud Buhari, s’est engagé à « éradiquer le terrorisme le plus rapidement possible », suite la semaine signant plus 260 morts début juillet 2015.

Suite aux répressions militaires violentes et à la mise en danger des populations, à la fois par la secte et les forces gouvernementales, l’état d’urgence est instauré en 2013 dans trois Etats du Nord du Nigéria. Par conséquent, 4000 personnes ont fui vers le Cameroun (Nations-Unies) et 1500 vers le Niger depuis mi-janvier 2015.

L’armée, la police et les milices locales sont discréditées par les populations enrôlées et torturées, comme à Damaturu, surnommée le Guantanamo nigérian, où prennent place tortures et viols par les forces de l’ordre (Amnesty International France).

La communauté internationale face à Boko Haram

Les pays voisins (Niger, Tchad et Cameroun) redoutent l’extension de la secte sur leurs territoires respectifs. Le Cameroun a accepté la présence de troupes tchadiennes au nord du pays, afin de faire face à l’intensification des attaques et de protéger l’axe commercial essentiel entre Douala (Cameroun) et N’Djamena (Tchad).

Pour ce qui est de la France, François Hollande a révélé en février dernier que le pays apportait un soutien logistique (carburants et munitions) aux pays en lutte contre Boko Haram, ce qui ne rivalise en rien avec l’ampleur des opérations Serval au Mali et Barkhane au Sahel (contre Al-Qaida au Maghreb islamique).

Plus généralement, la communauté internationale se contente de s’émouvoir lors des enlèvements et massacres, mais reste largement prudente sur ses engagements. Pour quelles raisons ?

Tout d’abord, la capacité de réponse armée que peut déployer l’Union africaine est de 7500 soldats, qui représentent une force de dissuasion face à l’attaque éventuelle d’une capitale. Par ailleurs, le pétrole nigérian étant situé au sud, les intérêts économiques des Grands occidentaux ne sont pas directement menacés (contrairement au Mali, où le nord est riche en uranium ou au Niger, où des mines comme Arlit sont exclusivement exploitées par Areva)

Mais surtout, Boko Haram ne veut pas (encore) exporter sa guerre en Europe. C’est encore un mouvement à la recherche d’une identité propre, à la frontière entre une secte religieuse, un groupe criminel et une insurrection locale.

La dernière raison prend racine dans le fait que le Nigéria tient à son indépendance : contrairement au Mali, le pays n’a pas appelé la France à l’aide, et se dit avoir les épaules suffisamment grandes pour traverser cette crise (6e exportateur mondial de pétrole et 1ere puissance économique et géographique d’Afrique). Une intervention militaire étrangère signifierait pour le pays une perte partielle de sa souveraineté nationale ce qui semble aller à l'encontre des intentions de ses dirigeants qui ont en effet annoncé en août 2015 se donner 3 mois pour en finir avec Boko Haram.

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