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  • Karim Bennour

L’Iran : l’incontournable acteur de la région

Ayatollah Khamenei meets Vladimir Putin on November 23, 2015.
english.khamenei.ir / http://english.khamenei.ir/d/2015/11/23/4/815.jpg?ts=1450098624000 / Creative Commons Attribution 4.0 International

L’élection du président Hassan Rohani avait été saluée dans de nombreuses capitales occidentales après les deux mandats de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Cependant peu de journaux ont souligné qu’Hassan Rohani est un pur produit du système iranien, membre du Conseil du discernement (conseil qui désigne le guide suprême) et que son élection n’est qu’une preuve de plus de la grande capacité d’adaptation du pouvoir iranien avec pour unique objectif : la préservation de la République Islamique.

Le système politique iranien : un système atypique

La république islamique d’Iran est un pays dont le régime a été installé en 1979 suite à la révolution islamique menée par l’Ayatollah Khomeiny contre le régime du Shah Pahlavi (équivalent du roi).

Avant 1979, l’Iran était le principal allié des Etats-Unis dans la région et les deux pays entretenaient de solides relations. L’Iran avait d’ailleurs commencé à cette époque le développement d’un programme nucléaire avec le soutien des Etats-Unis. Suite à la révolution islamique, le Shah trouva refuge aux Etats-Unis où il se fit soigner. Cet exil accordé au Shah entrainera un des évènements les plus connus de l’histoire, à savoir la prise d’otage des diplomates américains à l’ambassade américaine de Téhéran afin d’obtenir l’extradition du Shah.

Le système politique iranien est un système unique au monde, alliant religion et élections politiques. Ce système a été théorisé par l’Ayatollah Khomeiny et correspond au Velayate-Faqih (le gouvernement des jurisconsultes). Ce dernier est intimement lié à la vision chiite de l’islam.

Les chiites sont apparus dès la mort du Prophète de l’Islam et souhaitaient que le pouvoir soit accordé à la famille du Prophète et non à ses compagnons. En effet les chiites considèrent les descendants du prophète comme les « guides » de la communauté. Selon la doctrine chiite, 12 Imams (guides) ont succédé à Mohamed, et le 12ème Imam ne reviendra qu’à la fin des temps. En attendant son retour, les religieux les plus formés et expérimentés doivent désigner un « guide» pour la communauté. Cela explique donc le rôle prépondérant et les larges pouvoirs dont dispose aujourd’hui l’Ayatollah Khamenei, pouvoirs et prérogatives bien supérieurs à ceux du président Hassan Rohani qui lui est élu directement par le peuple.

Ce clivage « originel » entre chiites et sunnites nous permettra de comprendre par la suite, la genèse de nombreux conflits et alliances dans la région aujourd’hui.

La question du nucléaire

L’Iran est souvent présenté comme un danger potentiel à la sécurité mondiale en raison de son programme nucléaire et le pays avait été désigné comme l’un des pays de « l’Axe du Mal » par le président Bush à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Durant la décennie 2000 on voit que le nucléaire iranien a été le principal point de discorde entre l’Iran et les Etats occidentaux. Ces derniers craignant de voir l’Iran développer un programme nucléaire militaire afin d’obtenir l’arme nucléaire ont pris une série de sanctions économiques contre le pays. Ces sanctions ont eu un effet certain sur l’économie iranienne : la monnaie locale a perdu une partie significative de sa valeur, l’inflation y est, aujourd'hui encore, très importante, et la croissance du PIB est négative depuis 2011. Cependant, ces sanctions n’ont pour le moment pas dissuadé le pouvoir iranien de renoncer à ses objectifs arguant que son programme nucléaire poursuit des objectifs purement civils ; objectifs qu’il considère en accord avec le TNP (Traité de Non Prolifération Nucléaire) qui autorise l’accès des Etats signataires à la technologie nucléaire civile.

Il est certain néanmoins que l’acquisition de la technologie nucléaire accorderait un rôle de leader régional à l’Iran et lui permettrait d’étendre davantage son influence dans la région.

L’élection du président Rohani (ancien négociateur iranien sur le nucléaire durant la décennie 2000) a permis la réouverture des négociations sur le nucléaire iranien qui pour le moment n’ont pas abouti a de réelles avancées sur les principaux points de discordes entre l’Iran et les Etats occidentaux (notamment quant à la question de l’enrichissement d’uranium).

Cependant ces négociations ont également souligné les timides contacts qui ont commencé à se nouer entre l’Iran et les Etats-Unis, premiers contacts directs depuis 1979 (comme l’appel historique entre les présidents Obama et Rohani). Ce rapprochement a engendré des tensions avec certains alliés traditionnels des Etats-Unis, notamment avec l’Arabie Saoudite qui voit cette amorce de rapprochement entre Washington et Téhéran comme un réel danger pour son rôle dans la région.

Un acteur incontournable dans les conflits actuels

Pour comprendre les différents enjeux que traversent le Moyen-Orient aujourd’hui, il était important de comprendre tout d’abord le clivage essentiel qui oppose l’Iran (leader chiite de la région) et l’Arabie Saoudite (leader sunnite).

De plus avec la balkanisation accélérée de cette région, l’Etat iranien est aujourd’hui perçu comme un îlot de stabilité incontournable dans la région et une des clés de la résolution de nombreux conflits.

Tout d’abord concernant le conflit syrien : ce qui avait commencé comme une révolution populaire pour demander davantage de libertés et de droits s’est transformée en un affrontement entre une minorité alaouite au pouvoir (branche ultraminoritaire du chiisme) et une majorité sunnite.

Le conflit s’est donc mué en un conflit religieux où les deux leaders de la région (Iran et Arabie Saoudite) s’affrontent par milices et armées interposées (la récente frappe israélienne sur le Golan syrien où un général iranien et des soldats du Hezballah libanais ont péri souligne l’importance de l’implication de l’Iran dans le conflit syrien). En effet la Syrie fait partie de « l’arc chiite», qui est une alliance stratégique vitale pour Téhéran et qui est composé de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et du Hezballah libanais. Aucune résolution du conflit ne semble possible sans la participation de Téhéran aux pourparlers étant donné qu’il est le principal soutient financier et militaire de Bachar el Assad.

Il en est de même dans le conflit irakien. Paradoxalement, l’intervention américaine en Irak va grandement intensifier l’influence iranienne dans la région. Rappelons que l’Irak est un pays majoritairement chiite, majorité qui était opprimée par le pouvoir sunnite de Sadaam Hussein.

Lors de l’intervention américaine le rapport de force s’est renversé et depuis lors des gouvernements d’obédience chiite ont été élu. Le rôle de Téhéran dans le pays s’est ainsi grandement renforcé. Or l’origine du conflit irakien n’est pas religieuse mais plutôt politique et économique. En effet, le pouvoir chiite de Baghdâd a marginalisé les populations sunnites en étouffant toute voix qui appelait à une meilleure répartition des richesses entre les différentes communautés. Cette absence de dialogue et cette marginalisation a entraîné un ralliement de nombreuses tribus sunnites à l’EIIL qui a su profiter du chaos syrien pour s’armer et a ensuite pu partir à la conquête de nombreuses provinces irakiennes a majorité sunnite en profitant de la faiblesse de l’Etat central dans ces régions.

Enfin le Yémen est également en proie à de nombreux troubles actuellement. Derrière l’effondrement du pouvoir sunnite au Yémen, il faut y voir la montée en puissance des milices houtistes (d’obédience chiite) soutenues par Téhéran pour la prise de contrôle du pays. Cette prise de contrôle inquiète le pouvoir saoudien qui se sent de plus en plus « encerclé » dans la région par Téhéran.

A titre de conclusion, nous pouvons dire que l’Iran est un pays complexe a étudier, et qui allie realpolitik et idéologie religieuse dans sa l'application de sa politique extérieure. La question iranienne est un élément incontournable pour comprendre les différents conflits qui secouent la région et ainsi envisager leur résolution. Ce rôle clé entrainera une montée en puissance de l’influence iranienne dans la région au XXIème siècle et il est donc important de comprendre aujourd’hui les objectifs et les ambitions de Téhéran pour appréhender les causes de certains conflits en cours ainsi que leurs conséquences, qu'elles soient actuelles ou futures.

05/02/2015 par Karim Bennour

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